Selon un rapport de l’ONU, nous vivrons inévitablement un génocide climatique.
Le 12 décembre 2015, l’Accord de Paris sur le climat a été signé. Pendant un bref instant, nous avons cru au début d’un mouvement qui sauverait la planète. L’objectif international était de limiter le réchauffement de la planète à deux degrés Celsius. Mais pour une grande partie des plus vulnérables du monde, cet objectif était loin d’être suffisant. Le représentant des Îles Marshall a qualifié ce réchauffement de deux degrés de génocide climatique.

Un nouveau rapport alarmant a récemment été publié par le Groupe d’experts intergouvernemental sur les changements climatiques de l’ONU. Selon le rapport, des centaines de millions de vies seraient en danger si le monde se réchauffait de plus de 1,5 degrés Celsius. Cela sera atteint dès 2040 si les tendances actuelles se maintiennent. Pratiquement tous les récifs coralliens disparaîtraient, les incendies et les vagues de chaleur balayeraient chaque année la planète. L’alternance entre la sécheresse, les inondations et les températures menacerait également l’approvisionnement alimentaire mondial. Pour éviter cela, il faut absolument changer radicalement l’économie, l’agriculture et la culture.

Ces phrases sont alarmantes, mais c’est en réalité pire que cela.
En effet, le pire scénario du nouveau rapport est, en réalité, le meilleur. Car en réalité, le génocide climatique est déjà notre avenir inévitable.
À moins de mettre en place de nouvelles technologies pour réduire drastiquement les émissions de dioxyde de carbone, il sera impossible de maintenir le réchauffement à moins de deux degrés Celsius et d’éviter le génocide climatique. Avec notre mode de vie, nous nous dirigeons vers une augmentation de quatre degrés d’ici la fin du siècle.
EN COMPLÉMENT : LES GAZ À EFFET DE SERRE
Ces 100 entreprises sont responsables de 71% des émissions mondiales de gaz à effet de serre
Cent entreprises seraient depuis 1988 responsables de 71 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ces données proviennent d’un rapport inaugural publié par Carbon Disclosure Project (CDP), une organisation à but non lucratif. L’expansion rapide de l’industrie des combustibles fossiles au cours des 28 dernières années est particulièrement visée.
Ces 100 entreprises sont responsables de 71% des émissions mondiales de gaz à effet de serre
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont généralement évaluées par pays, la Chine, les États-Unis et l’Inde étant les principaux producteurs d’émissions dans le monde. Mais le nouveau rapport adopte une approche différente retraçant les émissions vers des entités bien spécifiques, les principaux pollueurs au carbone du monde.
Les investigateurs se sont ici concentrés sur les émissions (carbone et méthane) provenant de l’activité industrielle responsable de l’émission de plus de 920 milliards de tonnes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère depuis 1988, année où le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a été créé. Selon le rapport, au total, ce chiffre astronomique représente plus de la moitié de toutes les émissions mondiales depuis le début de la révolution industrielle en 1751.
Notons au passage que 25 entreprises et entités publiques ont produit plus de la moitié de toutes les émissions industrielles dans la période comprise entre 1988 et 2015. Le principal émetteur parmi ces 25 entités n’est autre que l’industrie charbonnière chinoise, suivie de Saudi Aramco, compagnie nationale saoudienne d’hydrocarbures, et Gazprom, une société anonyme russe qui domine aujourd’hui le marché gazier mondial. Parmi les autres pollueurs citons également ExxonMobil, Shell, BP ou encore Chevron, responsables de la plupart des gaz à effet de serre industriels.
L’objectif de ce rapport n’est pas de pointer du doigt les mauvais élèves de la planète, mais bien d’équiper les investisseurs d’une ventilation complète des émissions de carbone associées à leurs liens financiers dans le secteur des combustibles fossiles. « En ayant ces chiffres en main, nous donnons une image beaucoup plus claire des principaux influenceurs lorsqu’il s’agit d’appliquer les objectifs énoncés dans l’accord climatique de Paris », note le rapport. « L’action climatique ne se limite plus à la direction donnée par les décideurs politiques, c’est maintenant un mouvement social commandé à la fois par des impératifs économiques et éthiques et soutenu par des quantités croissantes de données. »
« Si la tendance à l’extraction des combustibles fossiles se poursuit au cours des 28 prochaines années au rythme des 28 années précédentes, les températures moyennes mondiales pourraient en effet grimper de 4 °C au-dessus des niveaux préindustriels d’ici la fin du siècle. Ces changements pourraient entraîner un climat qu’aucun humain n’ait jamais connu, menaçant notre sécurité alimentaire et rendant des régions entières inhospitalières à la vie. Les entreprises de combustibles fossiles devront également faire preuve de leadership dans le cadre de cette transition », peut-on lire dans le rapport.
Vous pouvez voir la liste complète des 100 entreprises et lire le rapport complet ici.
Il y a un peu plus d’un an, quand j’ai exploré les pires scénarios du changement climatique.
de nombreux scientifique considéraient ce type d’alarmisme comme un anathème. La recherche sur le climat a connu quelques développements inquiétants au cours de la dernière année. Plus de méthane que prévu dans les lacs et de pergélisol de l’Arctique, ce qui pourrait accélérer le réchauffement. Il y a également eu une vague de chaleur sans précédent, des feux de forêt et des ouragans traversant les deux plus grands océans du monde cet été. Mais dans l’ensemble, nous nous dirigeons tout droit vers un réchauffement de quatre degrés. C’est deux fois plus que ce que la plupart des scientifiques pensent qu’il est possible de supporter.
Comme les chiffres sont petits, nous ne faisons pas vraiment la différence entre deux et quatre degrés . Nous ne réalisons pas l’ampleur de ce génocide climatique.
Mais à deux degrés, la fonte de l’inlandsis provoquerait d’inondation de dizaines de grandes villes du monde au cours de ce siècle.
Avec ce réchauffement, on estime que le PIB mondial par habitant baisserait de 13%. Quatre cent millions de personnes supplémentaires souffriraient de la pénurie d’eau. Et même sous les latitudes septentrionales, des vagues de chaleur feraient des milliers de morts chaque été. Ce serait pire dans la bande équatoriale de la planète. En Inde, de nombreuses villes deviendraient incroyablement chaudes. Il y aurait 32 fois plus de vagues de chaleur extrême. Chaque vague de chaleur durerait cinq fois plus longtemps, exposant au total 93 fois plus de personnes. Et il ne s’agit que de deux degrés, pratiquement, notre meilleur scénario climatique.
À trois degrés, le sud de l’Europe serait en sécheresse permanente. La sécheresse moyenne en Amérique centrale durerait 19 mois et dans les Caraïbes 21 mois. En Afrique du Nord, le chiffre serait de 60 mois à cinq ans. Les zones brûlées chaque année par des feux de forêt doubleraient en Méditerranée et sextupleraient aux États-Unis. La mer engloutirait des villes de Miami Beach à Jakarta. Les dégâts causés par les crues des rivières seraient multipliés par 30 au Bangladesh, par 20 en Inde et jusqu’à 60 au Royaume-Uni.
À quatre degrés, le génocide climatique provoquerait huit millions de cas de dengue chaque année rien qu’en Amérique latine. Les rendements céréaliers mondiaux pourraient baisser de 50%, provoquant des crises alimentaires annuelles ou quasi annuelles. L’économie mondiale serait inférieure de 30% à ce qu’elle serait sans le changement climatique. Même avec la baisse du coût de l’énergie renouvelable, le consensus mondial croissant sur l’élimination progressive du charbon, les émissions mondiales de carbone continuent d’augmenter à l’heure actuelle.
Mais la plupart de ces données sont extraites de cette fiche de renseignements unique et conventionnelle.
En fait, rien dans le rapport du GIEC n’est nouveau, ni à la communauté scientifique, ni aux activistes du climat, ni même à quiconque a été un lecteur assidu de nouvelles recherches sur le réchauffement au cours des dernières années. Le GIEC n’introduit pas de nouvelles découvertes ni même de nouvelles perspectives, mais corrèle plutôt la masse désordonnée de recherches scientifiques existantes et archivées en évaluations consensuelles destinées à fournir aux décideurs du monde un compte rendu absolument incontestable de la situation actuelle. En 1988, on lui a presque reproché d’être trop prudent dans son évaluation du problème.
Il est remarquable que le ton de ce rapport sur le génocide climatique soit aussi alarmiste. Les nouvelles sur le climat n’ont pas changé, mais la communauté scientifique abandonne enfin toute prudence en décrivant les implications de ses propres conclusions.
Heureusement, ils ont aussi proposé l’imposition d’une taxe sur le carbone bien plus élevée que celles actuellement utilisées ou envisagées. Ils proposent d’augmenter le coût d’une tonne de carbone pouvant atteindre 4 300 euros d’ici 2030, Le prix proposé ne devrait pas dépasser 23 500 euros par tonne d’ici à 2100. Aujourd’hui, le prix moyen du carbone dans 42 grandes économies n’est que de 7 euros par tonne.
DEUXIÈME COMPLÉMENTAIRE:
Réchauffement du climat : tous les indicateurs au rouge
Toujours plus alarmants, les indicateurs clé du réchauffement de notre planète soulignent l’urgence d’agir alors que s’ouvre le 6 novembre 2017 à Bonn la 23e conférence de l’ONU sur le changement climatique.
La Terre en 2016 a battu des records inquiétants qui rappellent l’urgence d’agir pour freiner la hausse des températures.
Lundi 6 novembre 2017 s’ouvrira à Bonn en Allemagne la COP 23, durant laquelle les représentants des pays vont commencer des négociations pour préparer la mise en place de l’Accord de Paris signé en 2015. Une action qui s’impose alors que les indicateurs clés du réchauffement su climat montrent tous que le problème prend de plus en plus d’ampleur.
Records de chaleur
La Terre a battu en 2016 son 3e record annuel consécutif de chaleur, avec une température supérieure d’environ 1,1°C à la moyenne de l’ère pré-industrielle, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Le XXIe siècle compte déjà 16 des 17 années les plus chaudes depuis le début des mesures en 1880.
En Arctique, l’étendue maximale des glaces a été en 2016 la plus faible en 37 ans d’observation par satellite. En Antarctique, la banquise a été également très inférieure à la moyenne de la période 1981-2010. La fonte des glaciers alpins s’est poursuivie, pour la 37e année de suite. Sous l’effet des « îlots de chaleur » générés par le béton et l’asphalte, les grandes villes pourraient gagner jusqu’à 8°C supplémentaires d’ici 2100. Et même avec une hausse limitée à 2°C – l’ambition de l’accord de Paris – des villes comme Djakarta, Lagos, Caracas ou Manille dépasseront le seuil de « chaleur létale » la moitié de l’année.
403,3 parties par million
Les concentrations des trois principaux gaz à effet de serre (GES) – dioxyde de carbone (CO2), méthane et protoxyde d’azote – ont atteint de nouveaux sommets en 2016. « Alors qu’elle était de 400 parties par million (ppm) en 2015, la teneur de l’atmosphère en dioxyde de carbone (…) a atteint 403,3 ppm en 2016 » et « représente désormais 145% de ce qu’elle était à l’époque pré-industrielle », selon l’OMM. C’est le plus haut niveau en 800.000 ans.

Pour avoir la meilleure chance de rester sous 2°C, la concentration moyenne de GES ne doit pas dépasser en 2100 les 450 ppm CO2eq (équivalent CO2 en parties par million). Les chercheurs alertent aussi sur la forte hausse des émissions de méthane depuis dix ans, résultat notamment de l’exploitation des énergies fossiles et des activités agricoles.
3,3 mm par an
Le niveau des océans et des mers continue à monter d’environ 3,3 mm par an, et le phénomène semble s’accélérer : le niveau des mers a cru de 25 à 30% plus vite entre 2004 et 2015, par rapport à 1993-2004. Cette hausse risque de s’intensifier à mesure que glaciers et calottes glaciaires fondent (Antarctique, Groenland). La fonte de la calotte glaciaire du Groenland est à l’origine de 25% de cette hausse, contre 5% il y a 20 ans. Les glaces du Groenland devraient fondre plus rapidement dans les prochaines années, malgré un récent ralentissement. La hausse, variable selon les régions du globe, a été en moyenne de 20 cm au XXe siècle et pourrait atteindre jusqu’à près d’un mètre à l’horizon 2100.
Catastrophes naturelles
Le phénomène favorise déjà des événements météorologiques extrêmes, en particulier des sécheresses et des vagues de chaleur. Selon certains climatologues, le nombre de sécheresses, incendies de forêts, inondations et ouragans liés au dérèglement, a doublé depuis 1990. La violence des typhons sur la Chine, Taïwan, le Japon et les deux Corées, devrait s’en trouver accrue. Les typhons ont déjà gagné 12 à 15% d’intensité sur l’Est et le Sud-Est de l’Asie ces 35 dernières années.
Dans le même temps, la fréquence des tempêtes extrêmes a triplé sur le Sahel du fait du réchauffement. Même si la hausse du thermomètre mondial est limitée à 2°C, les vagues de chaleur meurtrières vont devenir plus fréquentes, notamment dans les zones tropicales. Selon la Banque mondiale, les pertes liées aux cataclysmes naturels atteignent déjà 520 milliards de dollars par an et font basculer chaque année 26 millions de personnes dans la pauvreté.
Il y a 1.688 espèces affectées
Sur les 8.688 espèces menacées ou quasi-menacées, 19% (1.688) sont déjà affectées par le réchauffement, du fait des températures et phénomènes extrêmes. Les récifs coralliens ont subi ces trois années précédentes un blanchissement massif et une mortalité record. Un réchauffement au-delà de 1,5 degré signifierait également un bouleversement des écosystèmes du bassin méditerranéen inédit depuis 10.000 ans.(sources)

Voir mon article sur le sujet,accompagné de 2 vidéos: Prédiction de Stephen Hawking
Mais une taxe sur le carbone n’est qu’une incitation à l’action, pas une action en soi.
Et l’action nécessaire est à une échelle et à une vitesse presque inimaginables pour la plupart d’entre nous.
Pour éviter un réchauffement catastrophique, il faudrait une reconstruction complète de l’ensemble de l’infrastructure énergétique du monde, une refonte en profondeur des pratiques agricoles et du régime alimentaire pour éliminer totalement les émissions de carbone de l’agriculture. Il faudrait également une batterie de changements culturels dans la manière dont menons notre vie. Et nous devrions faire tout cela dans deux, voire trois décennies.
Cela ne veut pas dire que tout est fini. Il est préférable de rester au-dessous de quatre degrés plutôt que de les dépasser. Il serait encore mieux de ne pas dépasser trois degrés, et miraculeux de ne pas dépasser les deux degrés. Mais tout dépend de nous.
Il existe également des solutions extravagantes au génocide climatique, comme le captage du carbone et la géo-ingénierie solaire. Mais ces solutions sont loin d’être exploitables pour le moment. Et même en théorie, elles présentent des inconvénients vraiment effrayants. Mais même si la technologie deviendra considérablement moins chère et plus efficace au cours des prochaines années, il nous faudra la développer dans le monde entier. Cela nécessitera des plantations entières qui absorbent du carbone presque partout dans le monde. Mais même si cela fonctionne, il faudra beaucoup de temps, et nous n’avons plus que quelques années pour agir contre ce génocide climatique.
Sources dans l’article et : http://nymag.com/intelligencer/2018/10/un-says-climate-genocide-coming-but-its-worse-than-that.html