Les rochers sous-marins désormais visibles. Des traînées blanches d’algues pétrifiées par le soleil. Des barques inclinées sur le côté sur le sable humide loin de la rive… Depuis ce week-end, les images d’un phénomène maritime étonnant saturent les réseaux sociaux, avec son lot d’inquiétudes. « La mer se retire de plusieurs kilomètres à Béjaïa [Kabylie] », « ce sont les prémices d’un tsunami »… Les commentaires vont bon train, accompagnant les dizaines d’images de toute la côte algérienne, d’est en ouest, montrant le recul de la ligne d’eau. L’inquiétude est grande devant ce phénomène inexpliqué, surtout que beaucoup le lient aux puissants séismes qui ont frappé le 6 février dernier la Turquie et la Syrie. La mer qui se retire, c’est le tsunami qui se prépare, selon certains.
Le phénomène est décrit comme « saisonnier » mais est amplifié cette année par un important anticyclone.
Que se passe-t-il actuellement en Méditerranée ? Cette question, notamment relayée sur les réseaux sociaux, beaucoup d’habitants se la posent. Dans le sud-est de la France comme en Algérie, ils sont nombreux à s’être étonnés, voire inquiétés, en constatant le niveau particulièrement bas de la Méditerranée depuis quelques jours. Certains s’interrogent même sur l’éventualité d’un lien entre le séisme en Turquie et cette baisse récente.
Ce que réfute Gaël André, expert marée au Service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom) : « C’est un phénomène qui arrive tous les ans, et qui est vraiment amplifié cette année par un fort anticyclone. Un séisme entraînerait une vague dite de « tsunami » où on observerait une baisse du niveau de la mer et une augmentation après (…), où le niveau baisse et monte d’une heure à l’autre. Mais pas des phénomènes qui durent des dizaines de jours. Ça ne peut pas être lié à ce séisme ».
Un phénomène amplifié par un important anticyclone
Alors quelles sont les raisons ? « C’est un phénomène saisonnier », poursuit Gaël André, « tous les ans, on voit une baisse du niveau marin en Méditerranée ». « C’est lié principalement à la température de l’eau, qui est assez froide, qui fait se contracter les masses d’eau et donc baisser le niveau de la mer, et aussi à des inversions des courants au niveau du détroit de Gibraltar (…) ». À cela, il faut ajouter « l’apport d’eau douce par les fleuves qui est moins important », lié à une « pluviométrie assez faible en ce moment », poursuit le spécialiste du Shom.
Seule différence de taille avec les années précédentes : l’ampleur du phénomène, « assez exceptionnel ». « Il est amplifié en raison d’un gros anticyclone et de hautes pressions. Cela entraîne une baisse de 20 cm qui se rajoute au phénomène saisonnier de 10 cm. Donc c’est à peu près ce qu’on observe : une baisse du niveau de la Méditerranée d’une trentaine de centimètres environ par rapport au niveau normal ». Selon Gaël André, un retour à la normale devrait intervenir « assez rapidement, dès que l’anticyclone se sera un peu dissipé ».